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Extension du domaine de l’intox

« Fabricants d’intox, la guerre mondialisée des propagandes » de Christian Harbulot et « La désinformation : les armes du faux » de François-Bernard Huyghe ont tous deux été publiés en février 2016. Chacun des deux auteurs revient sur l’historique, puis l’extension du domaine de l’intox dans la société de l’information.

Dans son livre, Christian Harbulot (directeur de Spin Partners et directeur de l’École de Guerre Économique) souligne comment  la propagation d’informations mensongères ou tendancieuses est devenue un phénomène généralisé. Avec la société de l’information et les technologies web, les jeux d’acteurs sont bouleversés et ne correspondent pas à la vision manichéenne, couramment répandue. Les « bons », « présentés généralement comme les représentants de la société civile en lutte contre les injustices et les malversations du monde économique et politique » sont parfois les fabricants d’intox. Les « méchants », représentés comme « les puissants qui n’hésitent pas à manipuler, tromper et désinformer pour défendre leurs intérêts », sont, de plus en plus fréquemment, déstabilisés par l’intox.  


Dans ce cadre, l’information (vraie ou fausse) est désormais utilisée par tous comme une arme « parfois plus efficace que le fusil, la diplomatie, la justice ou la loi ». Face à de tels affrontements informationnels dans la société de l’information, le simple citoyen «  jadis exposé aux commérages et à la rumeur », « évolue désormais dans un champ de menace beaucoup plus étendu ».
 
Pour sa part, François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l’IRIS, décrypte en détail ce « champ de menace » dans « La désinformation : les armes du faux ».


Il revient aux origines mêmes du terme de désinformation, apparu lors de la guerre froide, comme arme des services secrets. Elle est plus qu’un mensonge, puisqu’elle fait appel à la fabrication de faux, leur mise en scène et leur diffusion, dans le but de faire perdre un ennemi, un adversaire. François-Bernard Huyghe montre ensuite comment cette arme de la désinformation s’est étendue, à partir des années 90, au champ politique et médiatique, notamment pour créer une légitimité à des interventions militaires (contre Saddam Hussein ou Slobodan Milosevic, par exemple).


Enfin, comme Christian Harbulot, il explique la généralisation de ce phénomène avec le numérique et les réseaux sociaux, « technologies de l’illusion ». Dans ce cadre, il souligne particulièrement le rôle joué par le « syndrome de conspiration », qui voit s’opposer, d’une part ceux qui voient partout des théories du complot et, d’autre part, ceux qui disqualifient toute pensée critique.


Dans ce cadre, il « faut apprendre à reconnaître les méthodes et les constantes du faux, au prix de la méfiance et de l’effort » pour François-Bernard Huyghe. Ce qui commence à être le cas puisque, dans la société de l’information, l’intox est finalement « devenue un arme de plus en plus voyante », selon Christian Harbulot.


Pour en savoir plus : « Fabricants d’intox, la guerre mondialisée des propagandes », Christian Harbulot
« La désinformation : les armes du faux », François-Bernard Huyghe